Tout savoir sur les coutelliers de Thiers

À l’est du département du Puy-de-Dôme, on retrouve Thiers. C’est une ville connue et reconnue à l’international pour ses coutelleries qui sont multiples. D’après la chambre de commerce et de l’industrie, le secteur de la coutellerie emploierait, aujourd’hui, plus de 2 000 personnes sur la ville.
Pourquoi cette ville en particulier ? Que possède-t-elle pour être aussi intéressante à la fabrication de divers couteaux ?

Quelle est l’histoire des couteliers de Thiers ?

Dans ce village, on retrouve une histoire très ancienne, qui démarre au Moyen-Âge. Tout le matériel nécessaire se trouvait sur place. Les ouvriers étaient également très nombreux. Au cours du XVème siècle, des archives démontrent que plus d’un quart des ouvriers exerçaient le métier de coutelier.
Leur main d’oeuvre est jugée comme très qualitative. Les exportations dans les autres pays comme la Turquie, l’Allemagne et l’Espagne se font régulièrement.
Les matériaux utilisés pour fabriquer ces ustensiles viennent localement. On retrouve le bois qui vient des forêts des Bois Noirs, du charbon qui provient de pas très loin, à Saint-Éloy-les-Mines dans le Puy-de-Dôme. L’acier, quant à lui, arrivait du Nivernais ou de Bourgogne avec le fer.

La vision du travail se transmet de père en fils

Pour réussir ce métier, la chaîne de travail est unique au monde jusqu’à présent. Ce sont des milliers d’ouvriers qui travaillent sur une tâche en particulier. Chacun a un rôle précis.
Dans de très nombreux cas, un homme spécialisé dans une tâche va transmettre son savoir et ses compétences à son fils.
Voici quelques étapes :

  • La réception de l’acier : quand l’acier arrivait, il était confié à des martinaires. Leur rôle consistait à mincir cet acier pour ensuite le transférer au forgeron.
  • Le travail du fer et de l’acier : les forgerons vont travailler le métal jusqu’à en faire des lames de couteau.
  • Un travail de chaîne se met en place : quand la lame est préparée et refroidie, il va y avoir un homme pour limer la lame, un autre pour percer dans le métal, un autre pour polir le métal et le rendre plus brillant. Ces derniers vont aussi aiguiser la lame pour qu’elle soit la plus propre possible.
  • L’assemblage du couteau : des monteurs, toujours situés dans le village de Thiers vont effectuer le montage des couteaux. Ce n’est qu’après cette étape qu’il pourra être commercialisé.

La commercialisation pour s’ouvrir au monde extérieur

Posséder un savoir-faire est une chance exceptionnelle, cependant, si personne ne le sait, cela ne va pas être d’une grande utilité.
Pour y remédier, de nombreux commerces ont ouvert dans la ville. Ils vendent essentiellement des couteaux aux habitants du village, mais également aux touristes.
Le succès n’a pas attendu.
Ils ont compris qu’un intérêt demeure et que tout le pays entier est intéressé par cet ustensile. La qualité est au rendez-vous, l’utilité du produit également.
Petit à petit, avec les moyens de l’époque, les messages s’éloignent de Thiers et de grandes fortunes basées dans des villes de taille importante que sont aujourd’hui Paris, Lyon et Bordeaux notamment, se mettent à acheter des couteaux de Thiers.
Au fil des années, le succès demeure et grandit. Au XVIIIème siècle, les couteliers de Thiers prennent un nouvel envol : l’exportation à l’international. Les frontières nationales ne suffisent plus et de nombreuses fortunes étrangères veulent acheter ce produit d’exception. On commence avec l’Italie, puis l’Espagne et l’Allemagne. Même les Indes sont intéressées par cet ustensile de boucher !
Le village de Thiers grandit et compte désormais plus de 10 000 habitants.

Un virage arrive avec la mécanisation

Le secteur de la coutellerie a fait le choix de faire confiance à la mécanisation qui apparaît. La grande industrie se met en place.
Les usines se modernisent, notamment avec l’arrivée de l’électricité. C’est un nouveau travail qui se met en place.
Thiers peut se vanter d’avoir su conserver son artisanat au détriment de la révolution industrielle qui touche la France de plein fouet. Des usines possédant l’électricité s’installent dans la ville basse de Thiers. De nouveaux couteliers font leur apparition à l’image de Jean Dubost. Les couteaux fabriqués en France continuent de croître, malgré de nouvelles conditions de travail. Ces dernières sont plus agréables et moins dangereuses.

Les conséquences des Deux Guerres Mondiales…

Comme de nombreuses villes, il y a des conséquences suite à ces deux événements majeurs de l’Histoire.
De nouvelles entreprises naissent, notamment en cercle familial. Que ce soit pour des couteaux Pradel ou des couteliers moins connus à ce jour, les familles s’organisent. Les hommes sont les patrons des entreprises et travaillent en tant qu’ouvrier quand les femmes s’occupent des parties administratives, du secrétariat et de la partie comptable de l’entreprise.

Aujourd’hui, qu’en est-il ?

La ville Thiers reste toujours aussi réputée. Que ce soit pour des couteaux d’office de fabrication française en acier inoxydable, des couteaux de cuisine, des couteaux de poche ou même pour le véritable Pradel, le secteur coutelier de Thiers continue de grandir.
Plus de 2 000 personnes contribuent à maintenir la production locale qui continue de s’exporter dans le pays et partout ailleurs sur la planète.

 

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